Le Buvard du monde - All the Blootting-paper of the World
Installation performative
Performance : Caroline Dubois
2008-2010
Lien / link:
http://www.laboratoiredugeste.com/spip.php?article291
Déjà, il faut que je m’attende à avoir des hallucinations. Voilà pourquoi je parlerai à haute voix, en dépit de tout le papier buvard du monde. Dans la vie normale, parler à haute voix est un signe de démence. Ici, c’est une preuve d’identité. (Pincher Martin, William Golding, 1956)
À l’origine du projet, il y a la rencontre de deux sources ; une vision récurrente et un texte :
1. Depuis quelques années, une image revient sans cesse dans les médias: un toit surnageant, seul vestige d’une inondation; une construction effondrée à la suite d’une catastrophe; un survivant grimpant, puis perché sur des décombres, sur une épave…
2. Le récit Pincher Martin (1956) de William Golding : texte minimal, extrêmement physique, où un marin naufragé sur un rocher perdu dans l’océan Atlantique, lutte pour survivre, pour préserver la cohésion entre son corps et son esprit et contre l’effondrement de la représentation de soi…
Dans ce contexte, le travail performatif et la présence physique de Caroline Dubois s’est imposé : spécifiquement ses expérimentations chorégraphiques sur les routines de dressage et sa recherche sur « l’épuisement, la mise en péril, le choc, la rencontre mais aussi les hésitations et les maladresses du corps dansant » (C. Dubois)
Le travail de collaboration entamé avec Caroline Dubois s’inscrit dans une étape de recherche qui pousse particulièrement le contenu performatif de la série Plans d’évasions1. Cette série se caractérise par le développement d’une pratique spécifique de l’installation performative à la fois architecturale et filmique. Ce projet prolonge et renverse l’univers développé autour du modèle de la Station : une vision inversée, une version tragi-comique de la Station.
1 Titre sous lequel sont regroupées les installations performatives réalisée entre 2000 et 2007 : ces modules d’expérimentation où la capacité de vivre ensemble sur un territoire réduit est mise à l’épreuve mettent en scène l’évasion comme pouvant être considérée de deux façons opposées : se libérer d’une situation aliénante ou fuir la réalité. Cette série évalue des modèles d’utopies/dystopies (assumées ou non comme telles), qui visent soit à transformer la poésie en réalité ou qui prétendent à l’inverse transmuer la réalité en poésie. Temps-libre, le sixième épisode de la série (Centre Expression, 2007), avait déjà pour ambition de développer particulièrement cette dimension vidéo-performative par un travail de collaboration avec Emma W. Howes, danseuse, performeuse et plasticienne. Des éléments architecturaux et des séquences vidéo de ce projet sont d’ailleurs utilisés dans le vidéogramme « Le buvard du monde ».